la nouvelle eve

La Nouvelle Eve

Au croisement de Pigalle et de Montmartre, la Nouvelle Eve incarne, au cœur de la capitale, tout le panache d’un cabaret Belle Époque qui n’a jamais cessé de se réinventer depuis plus d’un siècle. Née théâtre de boulevard, devenue écrin de revues affolant le « Tout-Paris », la salle de la rue Pierre-Fontaine conjugue aujourd’hui patrimoine, glamour et programmation contemporaine. Plafond constellé, cancan endiablé, flûte de champagne : chaque soir, le rideau rouge s’ouvre sur l’une des dernières adresses capables de faire vibrer l’imaginaire parisien.

La Nouvelle Eve, des Fantaisies-Parisiennes à l’âge d’or du music-hall

Dès 1898, la salle s’appelle Fantaisies-Parisiennes et affiche des comédies de Labiche ou Feydeau ; elle change plusieurs fois de nom avant de devenir Gaîty-Théâtre en 1920, quand Léon Berryer y crée la toute première revue nue de la capitale, un scandale qui fait s’encanailler tout Montmartre. Fermée durant l’Occupation et brièvement convertie en cinéma, elle renaît en 1949.

En effet, le producteur René Bardy – déjà propriétaire de l’Éve place Pigalle – sollicite l’architecte Maurice Gridaine et le décorateur Rigal pour transformer le lieu en style « Belle Epoque ». La décoration est somptueuse : le plafond étoilé et tamisé, la piste fluorescente et multicolore et le fronton de scène de style corinthien donnent à cette salle de spectacle parisienne un cachet unique.

Le cabaret prend le nom de « La Nouvelle Eve ». On y produit alors des revues à grand spectacle : Extravagances, Shocking, l’Amour Madame, Les Filles d’Eve, Revue Blanche. Les maquettes sont signées Erté, Lucien Bertaux, Paul Bugnaud, les costumes Balenciaga, Maggy Rouff, les fourrures Maison Revillon. En 1966, les nouveaux propriétaires, Bernard et Adrien Pierini senior, décident de monter des revues typiquement parisiennes, dont la mise en scène fut confiée respectivement à Georges Lugosi puis à Luis Diaz.

Un décor Belle Époque préservé et modernisé

La salle n’accueille que 280 convives, installés à des tables nappées : un format intimiste qui distingue La Nouvelle Eve des mastodontes voisins (Moulin Rouge, Lido). Le plafond d’astronomie, les lanternes anciennes et la célèbre piste fluorescente restent d’origine, tandis que l’éclairage scénique adopte aujourd’hui des projecteurs LED discrets pour sublimer plumes et strass sans éblouir le public. Sous la scène, des coulisses exigües, témoins d’un bâti fin-XIXᵉ, cohabitent avec des loges climatisées installées lors de la dernière remise aux normes handicap et sécurité incendie (2022), preuve qu’on peut choyer le patrimoine tout en répondant aux standards contemporains.

La Nouvelle Eve aujourd’hui : Paris je t’aime et le prestige télé-ciné

Depuis 2010, la revue Paris je t’aime – mise en scène par Adrien Pierini sur une partition originale de Nicolas Skorsky – célèbre les icônes françaises, d’Édith Piaf à Daft Punk. Deux créneaux (20 h15 et 22 h30) permettent de choisir simple spectacle ou dîner-spectacle, champagne inclus. Bien au-delà du cabaret, le lieu séduit les studios : rebaptisé « La Trompette Bleue » par Netflix, il apparaît dans les saisons 2 et 3 d’Emily in Paris, propulsant l’adresse auprès d’une nouvelle génération de visiteurs fans de la série. À l’image du triomphal Roi Lion qui continue de rugir au Théâtre Mogador, la revue Paris je t’aime déploie plumes, strass et orchestration live pour rappeler qu’à Paris, le spectacle total est bien vivant.

Vivre l’expérience : accueil, gastronomie et coulisses

Arriver à La Nouvelle Eve relève du petit guide de poche. Les invités doivent prendre le métro Blanche (ligne 2) à 150 mètres, passer par la Pigalle (lignes 2-12) à 300 m, sachant qu’il y a plusieurs parkings rue Forest. Le personnel bilingue escorte chaque table vers sa banquette capitonnée avant de proposer trois formules dîner – Paris Chic, Belle Époque ou Vegan Découverte – toutes servies avant lever de rideau.

La carte des vins, volontairement courte, met l’accent sur des AOC du Bassin parisien (Sancerre, Chablis, Champagne) pour limiter le bilan carbone du transport. Entre deux tableaux, les visiteurs peuvent immortaliser les coulisses lors du mini-backstage-tour (en option) ou repartir avec une photo imprimée sur papier glacé.