le petit casino

Le Petit Casino

Au cœur du Haut-Marais parisien, le petit casino figure désormais parmi ces façades muettes qui racontent l’histoire d’un théâtre même après sa fermeture. À travers cet article, nous allons conserver sa mémoire et offrir au visiteur un aperçu documenté de son héritage.

Le Petit Casino, le Petit Casino : une façade discrète dans le Marais

Derrière les volets grenat du 17 rue Chapon, le petit casino affiche encore l’inscription « Café-Théâtre » qui a attiré des générations de spectateurs entre le Centre Pompidou et la place des Vosges. La salle, aménagée en 1969 dans une ancienne boutique de plomberie, ne comptait que 90 places environ ; cette intimité reste perceptible aujourd’hui en observant la largeur réduite de son entrée et la marquise minimaliste qui la protège des intempéries.

Naissance et vocation d’un café-théâtre populaire (1969-années 1980)

Créé par l’auteur-producteur Bernard Da Costa, le site fut pensé comme un laboratoire du rire : le droit d’entrée se jouait initialement aux dés, clin d’œil aux casinos et façon ludique d’abaisser la barrière financière. À une époque où les grands boulevards misaient sur les revues, le petit casino prit l’option du sketch court, souvent absurde ou satirique, pour séduire un public étudiant et quartier-latin en mal de fraîcheur artistique. Les premières affiches annonçaient des textes de Pierre Dac ou Roland Dubillard, preuve de l’ambition littéraire sous les paillettes.

Les années tremplin : un vivier de talents comiques

Sous la houlette d’Hélène Renault, la scène de poche est rapidement devenue un escalier vers la notoriété ; parmi les humoristes passés par ces planches, on compte :

  • Michel Blanc et toute la bande du Splendid à leurs débuts ;
  • Sylvie Joly, pionnière du stand-up engagé ;
  • Pascal Légitimus avant l’épopée des Inconnus ;
  • Jean Dujardin, futur Oscar, rôdant ses premiers personnages ;
  • Stéphane Guillon et Gérald Dahan travaillant leur satire politique.

Chacun évoque encore l’écoute bienveillante d’Hélène Renault, omniprésente en salle et en coulisses, qui assurait la restauration comme la mise en lumière, perpétuant l’esprit du café-théâtre à la parisienne. Et si la façade du Petit Casino reste aujourd’hui figée dans le silence, elle rappelle combien la scène parisienne, qu’elle soit modeste ou prestigieuse, a toujours été le berceau de créations devenues incontournables.

Fermeture définitive (janvier 2024) et héritage culturel

Après plus d’un demi-siècle de programmation, le petit casino a baissé définitivement le rideau en janvier 2024. L’Officiel des spectacles acte la fermeture sans perspective de réouverture.

Mais si l’intérieur n’est plus accessible, la façade reste visible : boiseries rouges, lettrage doré, étroite baie d’affichage. Elle témoigne de la vitalité du café-théâtre parisien des années 1970-2000. Pour les flâneurs, une halte devant le 17 rue Chapon permet d’imaginer l’écho des rires qui s’échappaient chaque soir et d’apprécier ce fragment de patrimoine populaire encore debout dans le paysage urbain.