Quand on cherche le programme des spectacles au théâtre de l’Odéon Paris, on tombe vite sur une histoire faite de braises, de réinventions et d’audaces artistiques. Cette trajectoire fascinante relie la monarchie de Marie-Antoinette aux visions numériques de 2025. Devenu « Théâtre de l’Europe » en 1990, l’Odéon assume aujourd’hui une double mission. Il préserve un patrimoine majeur tout en ouvrant la porte à la création contemporaine la plus pointue. Quelques repères clés permettent de mesurer l’ampleur de cette aventure.
Des origines royales à l’édification d’un monument public
Sous la houlette des architectes Peyre et de Wailly, le bâtiment sort de terre en 1782. Elle offre à la troupe du Théâtre-Français une salle conforme aux idées de Quatremère de Quincy : un lieu public auquel chaque citoyen peut prétendre. La forme elliptique de la salle, novatrice pour l’époque, sera plus tard préservée lors des grandes restaurations.
Dès le départ, l’Odéon ancre le théâtre dans l’espace urbain. La rotonde domine la place éponyme et annonce son rôle de « monument d’usage » plutôt que de simple décor. Cette ambition civique inspirera bientôt la Renaissance, autre salle pensée pour rapprocher le public des grands textes.
Incendies, reconstructions et renaissance artistique
Le bâtiment flambe deux fois, en 1799 puis en 1818. Et à chaque sinistre, l’État décide de reconstruire plus vite qu’il n’avait bâti, preuve de l’importance symbolique du lieu. Chalgrin puis Baraguey redessinent la salle, tandis qu’en 1888 l’installation de l’électricité transforme l’expérience scénique.
Les flammes, loin de condamner l’Odéon, nourrissent sa légende et accélèrent l’invention – comme si chaque braise cachait déjà le prochain lever de rideau. En 1959, Jean-Louis Barrault reçoit la concession. Très vite, il fera de la scène un laboratoire où cohabitent le répertoire classique et la création la plus polémique, l’affaire des Paravents de Genet.
Programme des spectacles au Théâtre de l’Odéon Paris : de la Comédie-Française à l’éclosion européenne
Quand Louis XVIII assimile l’Odéon à la Comédie-Française en 1819, la salle devient le « Second Théâtre-Français ». Pourtant, c’est au XXᵉ siècle qu’elle affirme une vocation internationale. Elle est dotée de l’appellation « Théâtre de l’Europe » (1990) qui consacre la circulation des dramaturges de Moscou à Madrid.
La saison 2025-2026 maintient cette tradition avec à l’affiche : Le Passé d’après Léonid Andréïev (mise en scène Julien Gosselin) et Honda Romance, deux productions déjà en vente. Les Ateliers Berthier, seconde scène de l’Odéon située dans le 17ᵉ arrondissement, accueillent parallèlement des formes hybrides où l’image dialoguera avec le plateau – l’exposition-performance Astérismes de Bouchra Khalili en est un exemple marquant. La programmation actuelle conjugue donc fidélité au grand texte européen et exploration des nouvelles écritures scéniques.
De Barrault à Gosselin, des directions qui façonnent un projet européen
Depuis soixante ans, chaque directeur imprime sa signature. Avant la liste, rappelons que chaque nomination traduit un projet politique et artistique :
- Jean-Louis Barrault (1959-1968) – modernise le répertoire.
- Giorgio Strehler & collective (1983-1990) – impulsion européenne.
- Georges Lavaudant (1996-2002) – ancre la création contemporaine.
- Olivier Py (2007-2012) – ouvre le théâtre à la pensée critique.
- Stéphane Braunschweig (2016-2024) – renforce la production maison et l’exigence scénographique.
- Julien Gosselin (depuis juillet 2024) – veut rajeunir le public, multiplier les coproductions extra-européennes et exploiter pleinement Berthier en l’activant presque quotidiennement.
Cette succession illustre la capacité de l’Odéon à se réinventer sans rompre avec sa vocation d’« agora » dramatique.
Programme des spectacles au Théâtre de l’Odéon Paris en 2025 : innovations numériques et nouveaux publics
Le programme des spectacles au théâtre de l’Odéon Paris ne se limite plus aux soirs de première. Il décline désormais des podcasts, des captations en direct et des ateliers in situ. Julien Gosselin a annoncé la tenue de débats « post-show » et des partenariats universitaires afin de croiser pratique scénique et recherche. Néanmoins, il mise aussi sur des formats longs – son marathon Léonid Andréïev dure plus de quatre heures. L’objectif est clair : fédérer un public de 18 à 35 ans qui navigue entre séries en streaming et spectacles vivants. En parallèle, la billetterie numérique propose un système de tarification dynamique pour attirer les abonnés occasionnels.