Au cœur du 18ᵉ arrondissement, la rénovation de l’Élysée Montmartre symbolise en 2025 la capacité de Paris à faire dialoguer patrimoine et création. Plus de deux siècles d’histoire sont condensés dans une salle désormais ultramoderne, prête à accueillir aussi bien un bal musette qu’un concert de rap. À quoi ressemble aujourd’hui ce monument classé ? Entre restauration architecturale, ouverture d’un hôtel voisin et agenda culturel foisonnant, l’Élysée Montmartre continue de réinventer la fête.
Du cancan au rock underground : deux siècles d’histoire montmartroise
Ouverte en 1807, la salle naît en pleine vogue des quadrilles naturalistes. Elle a inspiré bien des personnalités comme Toulouse-Lautrec, Zola et les fondateurs du Moulin-Rouge venus y recruter La Goulue. Transformée en café-concert à la Belle Époque, coupée en deux espaces par l’architecte Édouard Niermans, elle voit défiler clubs révolutionnaires, matchs de boxe, strip-tease et expériences théâtrales jusqu’aux concerts de Patti Smith ou Jacques Higelin dans les années 1970. Classée « monument historique » en 1988, elle porte ainsi la mémoire vivante de Montmartre – un statut qui a pesé lors de chaque chantier. À la Belle Époque, l’Élysée Montmartre partageait avec les Folies Bergère cette même frénésie de revues tapageuses qui a façonné l’imaginaire festif de Montmartre.
Rénovation de l’Élysée Montmartre : entre cendres, fer Eiffel et chantiers durables
Le 22 mars 2011, un court-circuit ravage la salle. Rachetée en 2014 par l’entrepreneur-architecte Julien Labrousse et le producteur Abel Nahmias, elle bénéficie d’un budget-travaux d’environ 8 millions €. Au programme des réparations :
- charpente Eiffel consolidée,
- mise aux normes acoustiques,
- scénographie numérique et jauge portée à 1 380 places debout – soit 38 % de capacité supplémentaire par rapport aux anciennes fiches techniques ;
- la façade sculptée, protégée, est minutieusement restaurée.
La réouverture, le 15 septembre 2016, marque le retour de la salle dans le circuit international des tournées.
Naissance du boutique-hôtel musical
En 2025, le duo Labrousse-Nahmias procède à de nouveaux travaux sur l’Élysée Montmartre. Ils donnent naissance à un micro-hôtel de 16 chambres mitoyen. Ce dernier comprend un parquet en eucalyptus recyclé, des plafonds en briques apparentes et un accès prioritaire aux concerts pour les clients.
L’établissement, encensé par Vogue et finaliste aux Dezeen Awards, illustre la stratégie « campus culturel ». Elle consiste à créer un écosystème où l’hébergement, la restauration d’après-concert et les expositions photos se nourrissent mutuellement, renforçant l’attractivité touristique de la Butte.
Programmation 2025 : quand la salle vibre de Schoolboy Q à Die Toten Hosen
Depuis la réouverture, les producteurs indie et les majors « testent » volontiers la salle avant l’Olympia. L’année 2025 annonce un agenda où rap west-coast, post-punk et métal coexistent dans une même semaine :
| Date | Artiste | Genre |
| 8–9 juillet | Schoolboy Q | Hip-hop |
| 15 septembre | Alessi Rose | Pop-folk |
| 22 septembre | Happy Mondays | Madchester |
| 9 octobre | Die Toten Hosen | Punk-rock |
Cette diversité reflète la demande post-pandémie : formats club intimistes mais production scénique digne d’une arena, grâce à une structure de plafond renforcée autorisant jusqu’à 32 tonnes de charge utile.
Le Bal légendaire, le GOLEM et les futurs projets culturels
Institution depuis 1995, Le Bal de l’Élysée Montmartre revient le 11 octobre 2025 pour fêter ses 30 ans. À cette occasion, le GOLEM – Grand Orchestre de l’Élysée Montmartre – ouvrira la soirée avant un line-up de DJ invités. Les porteurs du projet envisagent désormais une « saison bal » trimestrielle et la création d’ateliers participatifs autour des danses de salon montmartroises. D’ici 2026, la salle planifie également :
- Une résidence d’écriture pour jeunes auteurs-compositeurs, en partenariat avec la SACEM ;
- Un festival “Montmartre Metal Meeting” afin de renouer avec l’identité heavy des années 1980 ;
- Un rendez-vous “Patrimoine & Mixage” mêlant visites guidées, démonstrations de régie et conférences sur la conservation des monuments historiques.
Autant d’initiatives qui affirment la vocation sociale et festive d’un lieu passé du cancan révolutionnaire à la scène globale sans jamais renier son esprit populaire.
